Je n'étais jamais venu ici le midi. Maintenant je comprend pourquoi. J'aimerais sincèrement qu'on m'explique comment on fait pour faire tenir autant de personne dans aussi peu de mètres carrés. Enfin, maintenant que je suis là, j'ai pas vraiment le temps d'aller autre part. Surtout que je reprends les cours dans une heure, et que, bien que je sois tenté de sécher, je dois suivre mes cours pour réussir mes examens et gagner ce diplôme qui ne me servira jamais a rien. Je n'avais aucune envie de venir ici, sachant que j'ai a peine une heure pour faire ce que je veux entre deux cours 'passionnants', mais ma très chère Athéna m'a expressément demandé d'y être. Qu'on ne me demande as pourquoi c'est encore un des mystères de la vie. Je crois qu'a l'instant présent, il y a trois choses que je sais. De un, elle n'est pas là. De deux, j'ai l'air particulièrement ridicule a l'attendre tout seul devant l'entrée. De trois, je n'ai pas le temps de retourner a John Jay récupérer ma calculette pour mon cours d'économie. Ma vie est réellement passionnante. C'est ironique.
Revenons, si vous le voulez bien au point deux. C'est vrai que j'ai l'air idiot dans l'entrée comme ca, tout seul, scrutant 'l'horizon'. Me posant des question plus idiotes les unes que les autres, dans le genre 'Mais pourquoi, aujourd'hui, ici, maintenant ? S'est-il passé quelque chose ?' Vous voyez le genre, j'en suis sur. Et la voilà qui arrive, dix minutes en retard, l'air de rien. Qui n'a d'abord pas l'air de me voir. C'est dans ses moments là que j'ai l'impression d'être invisible. Le problème c'est que je ne le suis pas quand je voudrais l'être et inversement. Réellement hallucinant. Elle passe, trifouillant son portable d'un air un peu étrange, presque stressé. Différent de son air naturel en tous les cas. Elle ne dort pas debout, est juste distraite. Et elle me dépasse sans me voir. Oui, hallucinant. Je la prends par les épaules, et la voilà qui sursaute. "Calmos. C'est juste moi.". Elle se retourne, sourit, oui, elle est différente aujourd'hui. Je ne sais pas ce qui lui prend, mais je l'ai rarement vu sur les nerfs comme ca.

A peine quelques minutes après nous sommes assis l'un en face de l'autre, au milieu d'un brouhaha pas possible et de gens de tout le campus. Elle n'a pas baissé sa garde, et tripote sans arrêt ses mains. Que je voudrais bien prendre dans les miennes, mais je n'ai strictement aucune envie qu'elle se ferme. Alors je m'abstiens. "Ca va toi ? Tu sais que t'as l'air bizarre ?". Ne jamais redouter le pire, jamais. ais une fois qu'on y a pensé, c'est trop tard."T'as tué quelqu'un ? Tu te drogues ? Dis-moi...". J'ai l'impression de partir, dans quelque chose de totalement a coté de la plaque. Espérons qu'elle mette ca sur le compte de certain humour noir... Je souris, surement que ca me donne l'air idiot après ce que je viens de dire, mais quoi que je fasse, j'ai souvent l'air idiot ces derniers temps. Mon portable sonne, ou un autre avec la même sonnerie, je préfère ignorer. Il y a peu de chances que ce soit quelqu'un avec qui je veux parler de toutes façons. Je voudrais juste savoir ce qui rend mon Athéna si mal a l'aise. Et moi par la même occasion. "Je suis sérieux dis moi tout. Et arrête avec tes mains tu me stresses.". Je pourrais ajouter que ca ne me donne qu'une envie, celle de prendre ses mains, mais une fois encore, je ne le ferais pas. En temps normal j'aurais pu, mais pas là. Pas quand elle a cette lueur étrange dans le regard que je ne sais pas interpréter.
Qu'elle ne me le dise pas me donne juste envie de pleurer.J'ai toujours cru que je saurais tout d'elle, mais je m'aperçois qu'aujourd'hui, elle a l'air réticente a s'ouvrir. Et je ne sais pas pourquoi.